Ce n'est pas moi qui le dit, mais François Hollande, qui se pose déjà en futur président de la République: "Sarkozy est dans la situation de Giscard ant 1981". Simple constatation? Peut-être. Mais toujours est-il qu'elle se trouve confortée par trois éléments au moins, qui laissent songeur.
Premièrement, sous la Ve République, aucun président gouvernant n'a été réélu pour un second mandat: De Gaulle n'a été élu au suffrage universel qu'une fois, en 1965 (En 1958, il avait simplement été désigné par un collège de grands électeurs). Puis vint le référendum de 1969, à l'issue duquel le général a quitté le pouvoir.
Son successeur, Georges Pompidou, est mort avant la fin de son mandat et n'a donc pu en briguer un second. Valery Giscard d'Estaing, élu en 1974, a été battu par François Mitterrand en 1981.
Et si Mitterrand et Jacques Chirac ont été réélus, c'est, pour l'un comme pour l'autre, à l'issue d'une période de cohabitation. Ils n'étaient donc pas des présidents-gouvernants.
En conséquence, si Nicolas Sarkozy était réélu en 2012, ce serait un exploit. Ce que, de sa part, on a du mal à imaginer.
Deuxièmement, et nous voilà au coeur du problème, Sarko est le plus impopulaire de tous les présidents qui se sont succédés sous la Ve République. Imaginez un peu: depuis janvier 2008, Nicolas Sarkozy a réalisé l'exploit , chaque mois, de recueuillir sur son nom plus de mécontents que de satisfaits! Et cela continue et empire, puisque le dernier sondage en date le crédite de 67% de mécontents (VGE, lui, n'en comptait en septembre 1980 que 42%).
Troisièmement (et cela découle de ce qui a été dit ci-dessus), jamais, à sept mois d'une élection, un président-candidat n'a recueilli aussi peu d'intentions de vote. Les récents sondages donnent Sarkozy largement battu par Hollande. Certains le voient même devancé au premier tour par Marine Le Pen.
Une chose est donc certaine: il faudra à Sarkozy un immense talent et beaucoup de chance pour être réélu. Et là, on ne sait jamais, dans la mesure où notre président est persuadé de cumuler les deux...
Thierry Cayol