Je ne connaissais ni cet article, ni le blog sur lequel il a été édité en décembre 2009, mais j'ai bondi en lisant ce papier écrit la haine dans le stylo, sur Ernesto "Che" Guevarra, et signé du dénommé Michel-Alain Labet-de-Bornay, qui se présente comme "nationaliste français de souche, écrivain (?), critique journalistique (???), exégète biblique et coranique, libertarien cynique et kunique (ce qui est pour le moins incompatible) anarchiste illégaliste". Tout ça.
Ceux qui me connaissent (ou ont appris à me connaître par l'entremise de ce blog) le savent: Je ne suis pas communiste au sens stalinien du terme. Au plus léniniste et trotskyste, mais en tout cas fondamentalement de gauche.
Et, à ce titre, je ne puis accepter que l'on traine dans la boue l'image d'un homme (le Che) qui a su participer à redonner l'espoir au peuple cubain, et à l'ensemble des Sud-Américains, Argentins, Chiliens ou Boliviens, par exemple.
Je ne suis pas de ces adorateurs ébahis devant la jolie frimousse, du "commandante" bien que j'aie moi aussi trois posters et un T-shirt du "Che".
Je concède par exemple que c'est sous l'influence de Guevarra que Fidel Castro a fait procéder aux premières exécutions d'opposants. C'est encore le "Che" qui a lancé la chasse aux sorcières au sein même de la révolution cubaine, mais c'est aussi lui qui a permis, aux côtés des frères Castro, de renverser le régime fasciste de Battista. A charge aussi, le fait qu'il aimait les armes et savait s'en servir.
Cet aspect de la personnalité du "Che" n'est d'ailleurs pas occulté dans les ouvrages qui lui ont été consacrés, et notamment dans le remarquable film (pourtant pro-castriste) de David Attwood "Fidel et Che", sorti en 2002.
Je suis lucide et critique en ce qui concerne Guevarra, mais ne saurais admettre les propos de ce fameux Michel-Alain Labet de machinchose qui sont une véritable injure, que tous les gens de gauche doivent prendre pour eux et condamner fermement.
En premier lieu, Labet se trompe lorsqu'il taxe le "Che" de stalinien. Guevarra était tout sauf proche de l'Union Soviétique de Krouchtchev, qu'il a savamment exploitée pour armer la révolution cubaine.
Faute de véritables arguments, Labet s'attarde sur "l'inénarrable trogne de Che Guevarra, son faciès velu et désobligeant qui orne une quantité d'objets futiles". "Il y a peu encore,je voyais des agendas scolaires ornés de sa délicate frimousse, comme si l'achat de cet objet ô combien socialisant était l'apogée, le parangon de la classe branchouille et révolutionnaire" ajoute l'auteur, qui ajoute la bêtise pure et simple à l'apologie du délit de faciès.
Et le redoutable "écrivain" (c'est ainsi que Labet se présente) de poursuivre: "J'en souhaiterais presque que le "Che" soit encore en vie, cet ennemi farouche du capitalisme, rien que pour qu'il puisse verdir d'une insupportable rage en constatant à quel point l'ingénieux commerce s'est emparé de son aura".
Jusque là, Labet est simplement exécrable. Mais il devient odieux lorsqu'il ajoute, à propos du 40e anniversaire de la mort du "Che', "Guevarra a eu la très bonne idée de quitter ce cruel monde depuis 40 ans de négationnisme historique, de relativisme culturel et de mensonges procommunistes".
Et Labet enchaîne sans défaillir: "Il y aura toujours des crétins de gauche pour vous dire que le "Che" était un homme exceptionnel et idéaliste". Ce à quoi je réponds que nul, pas plus Guevarra qu'un autre, n'est exceptionnel. Mais je maintiens qu'il était bien un idéaliste, un peu trop peut-être...
Pour Labet, et c'est ca qui est choquant, l'anniversaire de la mort de Guevarra est "une date fétide, comme le jour pleinement consacré aux abrutis arborant ingénument sur eux une représentation d'un des plus inflexibles meurtriers du siècle dernier (puisse le Saint-Esprit ou toute autre entité lumineuse leur fasse réaliser que porter un T.shirt du "Che" ne vaut guère mieux que d'en porter un à l'effigie d'Himmler".
A ce stade, on est en droit de se demander si, plutôt que d'un contradicteur, Labet n'a pas besoin d'un psychiatre.
D'autant que, dans cet article supposé n'être q'une critique de Guevarra, l'auteur saute du coq à l'âne, sans vraiment qu'on ne saisisse le bien-fondé de son cheminement intellectuel: "si on pouvait désengorger toute cette indigence qui vient importuner le passant honnête et chasser les pitoyables quémandeurs qui viennent sempiternellement importuner les voyageurs dans les transports publics en jouant, faux, de leurs instruments désaccordés en psalmodiant des suppliques larmoyantes, (suivies d'injures fleuries si personne ne daigne donner de pièce) en tendant un moignon sale ou, ou encore en exhibant des animaux en bas âge pour mieux apitoyer le chaland. (...) Si seulement on pouvait par la même occasion fusiller ceux qui portent ces T .shirts d'infamie à l'effigie de Guevarra...)
M'est avis que ce Michel-Alain Labet-de Bornay est un fou furieux et un dangerux paranoïaque (en témoigne son appel au meurtre).
Revenant au "Che", l'auteur de l'article en rajoute: "Voilà 40 ans que cette chiure a quitté le monde, mort sans aucun honneur lors d'une embuscade. Qu'attendons-nous pour cesser le tri sélectif et le jeter à jamais (Le "Che") dans les poubelles de l'Histoire ? Qu'il rejoigne à pertétuelle demeure toutes les pourritures et les ordures de son acabit".
Labet est certes un fou-furieux, mais il sait aussi tomber le masque: "Il ne reste plus qu'à souhaiter au peuple cubain qu'un homme éclairé, tel le général Pinochet, vienne sauver Cuba de l'excrément communiste..."
Les bras m'en tombent, et j'en appelle à vous tous, qui m'avez lu jusqu'au bout (je sais, j'ai été un peu long) pour venir me dire que je n'ai pas rêvé, et que je ne suis pas le seul à être affligé par tant de haine et de virulence.
Un dernier mot: Il est particulièrement utile de lire la liste des liens affichés sur le blog de Labet: Alliance française contre les rouges-verts-bruns, Bas les masques socialistes et marxistes, Clandos dehors, Israël protégez-nous du mal musulman, Survie de la nation, etc..
Thierry Cayol