Comme chaque annee à la même époque, les journaux satiriques ou du moins engagés, y vont de leur supplément tout en dessins, récapitulatif de l'année écoulée.
A lire absolument: le hors-série de "Marianne", presque essentiellement voué à démolir un peu plus le souffre-douleur attitré du trio Kahn-Szafran-Julliard.
La une de couverture parle d'elle-même: "2010 A droite toute" titre l'hebdo, représentant un Sarko avachi, les mains dans les poches et affublé, en guise de cravate, d'un bol sur lequel on peut lire "Meilleur président du monde".
Les dessins de Tignous et Gros, entrecoupés de commentaires des journalistes de "Marianne", refont l'histoire de façon carricaturale d'une année dans le monde, sans jamais perdre de vue Sarko, présenté dans l'éditorial de Joseph Macé- Scaron comme"just a rigolo".
Sarko n'est guère plus épargné lorsqu'on le voit, écarlate et mains tremblantes, s'exclamer "je sauve la France, l'économie, le capitalisme, la paix, le climat..et maintenant le PS ? J...j...ne contrôle plus mes pouvoirs !". Ailleurs, on peut voir le président soulever son petit fils et se lamenter "il me crie dessus! c'est une réincarnation de Séguin !".
On pourrait s'attarder sur d'autres dessins, comme celui où, évoquant la suppression des "niches fiscales, Sarko se réjouit en rappelant "on a déjà commencé avec la voiture de Dati !
Mais le mieux est que vous vous precipitiez chez votre marchand de journaux pour vous procurer ce supplément (au prix modique de 6 euros).
Plus éclectique et tout aussi drôle est le supplément de "Politis" (5,50 euros) dont la une intitulée "2010 horribilis", nous présente, côte à côte, devant Fillon se bouchant les oreilles, Sarkozy masquant ses yeux (ce qui, au passage, lui permet d'arborer sa Rollex) et Chirac mettant ses mains devant sa bouche. Alllusion, bien entendu à Kikazaru, Mizaru et Iwazaru, les trois singes de la sagesse, issus de la mythologie chinoise.
Sous le pinceau d'Aurel, la talentueux illustrateur de "Politis", tout le monde en prend pour son grade. Sarkozy, bien sûr, que l'on voit s'incliner devant la tombe du Général De Gaulle, avant qu'une voix venue du ciel lui lance "casse-toi, pauv'con !",
Pauvre Sarko, que l'on voit se raser en sifflotant tandis que le miroir de sa salle de bains lui renvoit l'image de Jean-Marie Le Pen , ou encore lorsque, juché sur un tas de seringues, il se félicite: "l'épidémie de grippe A a été bien gérée!"
Aurel n'a pas fait de Sarko l'unique victime de ses dessins, à commencer per Eric Woerth, authentique héros malgré lui de cette année très agitée et qui, trainant un lot de casseroles, assure "je suis un homme qui aime cuisiner" ou encore les retraites, " les travailleurs les plus usés sont priés de mourir avant". Traitement tout aussi ostentatoire pour Balladur qui, ici figuré sans cravate mais affublé de bas-résille jure que, s'il a pu donner 10 millions pour sa campagne présidentielle, c'est qu'il a su donner de (sa) personne....
On peut voir également Sarkozy reprendre de volée Brice Hortefeux : "Mais enfin, Brice, on ne peut pas déchoir de la nationalité française tous les types qui se tapent plusieurs femmes !" Ce à quoi, quelque peu géné, le ministre de l'Intérieur répond, presque suppliant : "juste les Arabes"... (Notons tout de même que le hors-série de Politis" est paru avant les déclarations fracassantes de Marine Le Pen contre les Musulmans).
Sur la même page Sarkozy et Hortefeux apparaissent en plein accord, concernant le sort réservé aux gens du voyage: "Il faudrait leur demander de porter un triangle rouge sur leur veste, pour qu'on les reconnaisse". Aurel ne sy trompe pas lorsqu'il fait dire au Président de tous les Français "50 ans après la mort d'Albert Camus, la Peste combat l'étranger..."
Le Pen, Maurras, Laval ou Céline n'auraient pas trouvé de mots aussi explicites.
Villepin a droit aussi aux foudres de "Polititis" lorsqu'il lui fait dire à sa femme de ménage (noire) "avec moi, pas de karcher. vous passerez juste un coup d'aspirateur, et ça ira..
Et la gauche dans tout ça ? Il fallait bien que Politis s'en prenne un peu au PS , tout de même. Mais bizarrement, ce n'est pas à Simplette Royal , mais directement à la patronne, le chef d'oeuvre en péril du socialisme mondain, Martine Aubry que Politis fait dire : " si on repousse pas l'âge de la retraite, on n'aura bientôt plus personne au Parti". Et toc !
Le supplément de "Politis" aborde également pêle-mêle tous les sujets qui ont passionné les Français en 2010: l'inconstance de Kouchner, la pétition de 450 scientifiques contre Allègre, la fin progressive de l'enseignement de l'histoire-géo, la remise en cause de la contraception, l'interdiction de la Burqa, et, hors de nos frontières, le malaise qui secoue l'Europe ou encore la seconde mort annnocée de la Grèce.
Thierry Cayol