Il aurait pu convaincre, il avait tout pour ça. La jeunesse, le charme, une apparente détermination. Il s'était, en pleine crise, posé en rénovateur d'un PS à la dérive. Bien vu jusque là. Il avait commencé à faire de l'ombre aux "barons", Royal, Hollande, DSK, Aubry... Il aurait pu, c'était le moment, faire comme Mélenchon, claquer la porte du PS, dire "ça suffit!" et ramener à lui une jeunesse socialiste qui ne demandait qu'à se reconnaître en lui.
Il aurait pu... Oui mais voilà, Arnaud Montebourg est plutôt de ces jeunes arrivistes bien mis et bien faits de leur personne qui ne sortent qu'avec la permission de Maman. Ainsi, cet hiver, il a fallu que Maman Aubry insiste pour que le jeunnot se déplace jusqu'à Marseille, pour faire un brin de ménage à la fédé des Bouches-du-Rhône du PS, en pleine affaire Guerini.
Mais n'est pas Gaston Defferre qui veut. J'espère pour lui que Montebourg en a bien pris conscience. Et qu'il sache bien que s'il veut venir passer ses vacances au bord de la Méditerranée, il y est très attendu. De pied-ferme, irai-je jusqu'à dire...
Toujours est-il que, depuis son retour de Marseille, le petit Arnaud prend des pincettes avant de l'ouvrir. Tout au plus vient-il de se laisser aller à livrer ses états d'âme au Figaro, journal qui porte haut la philosophie d'un PS revisité par DSK.
D'entrée, le petit jeune qui voulait tout casser au PS met les choses au point. Interrogé sur le très décrié (par les militants) projet de son parti, Montebourg lache "je l'ai approuvé. Ce texte constitue un utile point de dépazrt, il consacre une évolution de la vision du PS certes lente mais réelle. Il est positif dans le sensoù il représente un référentiel commun à tous les socialistes. C'était nécessaire".
Woah!!! Du Jean Jaurès dans le texte! A ceci-près que Jean Jaurès était de gauche...
Je passe sur le reste de l'interview (vous n'aviez qu'à acheter Le Figaro, je l'ai bien fait moi!!!) et sur l'analyse politico-économique à laquelle se livre le petit Arnaud.
J'en viens donc en conséquence à la dernière question du journaliste, qui demande à Montebourg s'il souhaite débattre avec DSK. La question à ne pas poser! Allons, on ne débât pas avec DSK! DSK est intouchable! c'est l'au-delà du capital!
Et pourtant, Montebourg fait front: "je prendrai les adversaires que le destin me donnera". C'est beau, non?
Et il en rajoute: "je note qu'entre Hollande et Strauss-Kahn, il n'y a pas de divergences. Ils ont été d'accord sur toutes les échéances européennes, ils ont co-dirigé le PS et ils ont souvent refusé les évolutions que je proposais à l'époque avec les rénovateurs. Je suis aujourd'hui l'unique candidat aux primaires a avoir voté non au référendum sur le traité constitutionnel européen et à m'être toujours battu pour amener le PS à innover".
Et tu vois un peu où ça nous a menés? Pôvre, pôvre Montebourg... Plus con que lui, tu meurs...
Thierry Cayol