Depuis la nuit des temps, le mois de mai est fêté comme annonciateur de grandes et belles choses. C'est le mois des amours, du printemps... Mais la célébration du premier jour de mai est apparue tardivement, plus exactement en 1886 aux Etats-Unis, où il est devenu jour des revendications. Par la suite il sera décrété "Fête des travailleurs " puis, sous le régime de Vichy, "Fête du travail" (saisissez la nuance, elle est de taille), avant que les travailleurs ne se la réapproprient et que les fascistes français ne se l'accaparent pour en faire la "Fête de Jeanne d'Arc".
En octobre 1884, la Fédération Américaine du Travail (AFL, née en 1881) décida lors de son congrès de Chicago qu'à partir du 1er mai 1886, la journée de huit heures de travail serait instaurée et recommanda aux syndicats de faire promulguer des lois conformes à cette résolution.
Le choix de cette date n'est pas innocent. En effet, à l'époque, le 1er mai correspondait génénéralement aux fins de contrats de travail et de location. C'était le "moving day", le jour où l'on décidait si on allait rester ou déménager pour chercher du travail ailleurs. On disait d'ailleurs à cette époque "may day, pay day, pack rags and go away (jour de mai, jour de paie, emballe tes fringues et va voir ailleurs). Pour l'anecdote: le slogan révolutionnaire "may day" est devenu le signal international de détresse.
L'idée d'un 1er mai de revendication fit son chemin et, en 1886, 5000 manifestations se déroulèrent. A Milwaukee, au nord de Chicago, de violents affrontements avec la police firent neuf morts dans les rangs des manifestants. Le 3 mai, trois autres militants furent tués et, le lendemain, une bombe tua sept policiers. Huit manifestants choisis au hasard furent condamnés à mort et seuls trois d'entre eux furent graciés.
En juillet 1989, le Congrès Socialiste International décida de faire du 1er mai, date tristement anniversaire, une journée mondiale des travailleurs. Les manifestations du 1er mai 1990 furent un franc succès et l'on décida de reconduire le mouvement l'année suivante, dans tous les pays du Monde.
En France, les travailleurs adoptèrent donc le 1er mai comme journée de lutte. Mais le 1er mai 1891 allait se transformer en véritable tragédie à Fourmies. C'est ce que nous aborderons dans un prochain article.
Thierry Cayol