Dans l'un de ses sketches, l'humoriste Jamel Debouzze explique ironiquement que "voter centriste, c'est comme être pour l'arbitre dans un match OM-PSG". Mais cette description ne s'applique guère aux centristes de France, platoniques et impuissants, comme les décrit Jean-Louis Bourlanges, professeur à l'Institut d'Enseignement Politique (IEP) de Paris.
Pour trouver un centrisme appréciable, mieux vaut selon lui "aller planter sa tente dans le jardin d'Obama".
De fait, le président américain a donné un temps l'impression d'être "à bout", enregistrant une cruelle défaite lors d'élections partielles.
Mais Obama est un roc. On lui a reproché son glissement vers la gauche? Il s'est "ressaisi" et a réduit à néant les espoirs des Républicains de le déstabilliser.
"On le disait mort ou presque, et le voilà qui surgit, tel un Lazare politique, intact et même tout neuf" souligne Bourlanges. Certes, Obama n'est pas encore vainqueur de la guerre que lui ont déclaré les Républicains, mais ce "coeur pur débordant d'ambition" est parvenu à remonter la pente et a, coup sur coup, remporté plusieurs victoires d'importance: la ratification du traité Start, la levée des tabous homosexuels dans l'armée, la protection sanitaire des travailleurs indépendants,...
Obama est de fait un centriste parfait: quasi inattaquable sur son flanc droit, il met l'accent sur des actions, que d'aucuns qualifient de flatteries, et qui s'inscrivent dans son programme de président démocrate (un gauchiste, pour les américains moyens).
La démarche sinueuse d'Obama, qui sait ne pas tenir compte des attaques frontales, fait de lui l'archétype du centrisme. Son discours rassembleur s'adresse à toutes les classes, à toutes les races. Et seuls les nostalgique du Ku Klux Klan (KKK) trouvent encore à redire sur sa couleur de peau.
Qu'ils soient de gauche ou de droite, estime Bourlanges, "les politiciens français à l'élection présidentielle devraient en tirer les leçons qui s'imposent. Ce dont les peuples aujourd'hui, et surtout le nôtre, souffrent, c'est de l'absence de tout discours qui s'adresse à la nation rassemblée.
Une situation que nous vivons très mal, droite et gauche font l'impasse sur ce que les Français ont en commun. Pour Bourlanges, le Président américain se caractérise par"un subtil alliage d'habileté tactique et d'idéalime prophétique. Malheur au peuple qui ne sait pas découvrir en lui le trésor partagé dont il est le dépositaire".
Mais ceux qui nous ou pourraient nous gouverner demain, Sarkozy, de Villepin, DSK ou Aubry, sont-ils capables d'entendre le message que leur lance Obama?
Et puis, soyons réalistes, la France n'est pas les USA. Posé sur les bases d'une révolution populaire notre nation a mieux a attendre que le sage centrisme d'Obama. Ici, le débat ne se limite pas à des conversations de salon entre Démocrates et Républicains.
Nous possédons une chose que le monde entier nous envie: Nous laissons la parole au peuple. C'est lui décide ce qui, selon lui, est bon pour lui et la démocratie.
En celà, je prends le contre-pied de Bourlanges. Il y a en France une droite virulente et archi-capitaliste, et une gauche (je ne parle évidemment pas du PS), qui aspire à une véritable démocratie populaire, passage obligé vers le socialisme.
Thierry Cayol (avec l'Expansion et JL.Bourlanges)