M. Charest a fait ces commentaires en répondant à une question, lors du dévoilement des détails de ce forum qui se tiendra à Québec du 2 au 6 juillet 2012. Le Festival d'été aura lieu du 5 au 15 juillet. Le premier ministre se dit assuré que le Forum influencera l'offre musicale de l'événement.
Ces dernières années, le Festival d'été a été critiqué pour la grande place occupée par des têtes d'affiche anglophones dans sa programmation.
«La présence du Forum va, il n'y a aucun doute là-dessus, avoir un impact important sur la programmation, et tant mieux : c'est ce que nous souhaitons», a-t-il déclaré. M. Charest s'est dit bien au fait des commentaires qui ont été faits à l'égard du contenu francophone du FEQ ces dernières années.
«Oui, j'ai pris note, moi, de remarques qui ont été faites sur le fait qu'il y avait une forte présence de différents groupes et que la présence francophone n'était pas aussi forte.»
Des remarques lancées par des artistes francophones, notamment dans une lettre dans laquelle une vingtaine d'entre eux exprimaient leur mécontentement par rapport à la place d'artistes anglophones jugée trop importante.
Luc Plamondon était de ceux qui avaient vertement critiqué le Festival d'été. Il en a remis, mercredi, à son arrivée au Palais des Affaires étrangères, où l'on offrait un grand dîner pour le premier ministre du Québec.
«Cent mille fois bravo!» a-t-il réagi à la sortie de M. Charest. «Le Festival d'été, je n'y mets plus les pieds tant qu'ils ne changeront pas leur programmation. On ne va pas à Québec pour écouter des groupes américains. Ils vont aller au colisée bientôt. Ils vont faire quoi, le Festival d'été? Ils n'auront plus d'artistes s'ils ne créent pas des stars québécoises. Ils disent que les artistes québécois ne sont pas assez stars pour remplir les Plaines, mais ils n'essayent pas souvent...»
La porte-parole du Festival, Luci Tremblay, a pour sa part indiqué que la déclaration de M. Charest n'influencerait pas l'offre musicale. Elle a rappelé que, bon an, mal an, le pourcentage d'artistes venant de la francophonie tourne autour de 60 % - ce qui ne veut pas dire qu'ils s'expriment tous dans la langue de Molière. Cette donnée était de 63 % en 2011. «Je crois qu'on répond aux attentes des festivaliers et on va continuer de travailler comme ça», a-t-elle dit.
Mme Tremblay n'écarte toutefois pas l'hypothèse d'un concert spécial, qui serait en phase avec le Forum ou qui lui ferait écho. «Mais on est vraiment aux balbutiements dans cette négociation-là», nuance-t-elle.
Plus tard en journée, relancé par des journalistes ayant pris note de la position du Festival d'été, le premier ministre a persisté dans la même veine. Visiblement déjà au fait de cette position, M. Charest n'a pas changé son discours, martelant le même message.
«On ne fait pas la programmation, mais il me paraît évident que l'un va nourrir l'autre, et que la présence du forum sur la langue, c'est une occasion justement d'inspirer, en quelque sorte, les événements du Festival d'été. Je pense qu'il y a déjà une majorité d'artistes francophones ou qui viennent de l'espace francophone. Donc, moi, je souhaite qu'il y en ait le plus possible et comme le Forum a lieu en même temps, ou à peu près, que le Festival d'été - à nouveau, ce n'est pas nous qui faisons la programmation -, mais ce serait tout à fait dans l'ordre des choses que l'un inspire l'autre. Pourquoi pas?»
Les propos de M. Charest surviennent au moment où le directeur général du FEQ, Daniel Gélinas, est lui-même à Paris. M. Gélinas, qui supervise de façon intérimaire la programmation, a des rencontres prévues avec des agents d'artistes outre-mer. Il s'est refusé à tout commentaire, prétextant un horaire chargé.