Les régimes dictatoriaux en place en Afrique noire appréhendent des mouvements sociaux, voire des émeutes et des renversements du pouvoir, encouragés par le triomphe des révolutions tunisienne et égyptienne.
Au Congo, au Cameroun en Centrafrique, ou encore au Sénégal et au Gabon, pour ne citer qu'eux, la montée conjointe du chômage et du coût de la vie commence à pousser le peuple dans la rue. Frileux et apeurés, les tyrans, qui se pensaient indéboulonnables, tentent tant bien que mal un effort pour amélorier leur image.
Tout en surveillant de près les mouvements de foule, le pouvoir, dans tous ces pays et de manières diverses, tente d'appaiser les esprits. Ainsi, les gouvernements ont-ils mis en route un processus contre la cherté de la vie, qui passe par la régulation des prix des matières premières.
Neanmoins, tout semble en place pour la survenance de soulèvements dans ces états fragiles, au passé politique souvent tortueux.
Ainsi à Brazzaville (Congo) le Mouvement pour l'Unité et le Développement du Congo (MUDC), emmené par Bienvenu Mabilemono (qui était en France ses jours ci) veut-il rendre publics "l'oppression, la spoliation, la faim, la misère, le chômage et l'absence de perspectives". dans un communiqué, le MUDC dénonce ouvertement l'attitude du président Denis Sassou Nguesso (photo de droite).
"Nous avons expressement choisi la date du 5 février pour manifester c'est le jour où Sassou Ngusso est revenu au pouvoir par un coup d'état.
« Nous connaissons la capacité de nos compatriotes a se mobiliser, ils l’ont déjà montré par le passé » a ajouté Maurille Louzala, autre dirigeant du MUDC. Dans un document à charge, Bienvenu Mabilemono invite à suivre l’exemple tunisien pour chasser Denis Sassou Nguesso.
André Mba Obame, autoproclamé président de la république du Gabon le 25 janvier dernier et soutenu par le conseil constitutionnel appelle a renverser Ali Bongo Ondimba. (photo de gauche) »Comme en Tunisie ou en Egypte, les Gabonnais doivent se battre pour que leurs droits fondamentaux soient respectés », a déclaré Obame dans une interview accordée à Came.be.
Depuis cet appel, de nombreuses manifestations ont eues lieu, dispersées par les forces de l’ordre.
Au Cameroun, les tentatives visant à provoquer un soulèvement des populations se multiplient. Depuis le début de la semaine dernière, un tract circule invitant le « gouvernement néocolonial de Paul Biya (photo ci-dessous) à démissionner au plus tard mercredi minuit.Ce qu’il n’a pas fait. Il demande également aux camerounais meurtris par la vie chère et victimes de la spoliation à grande échelle, de leurs richesses, »d’arracher leur indépendance économique ».
De son coté, Jean-Michel Nitcheu, député du Front social démocratique, principal parti d’opposition, invite « au soulèvement ». « La chute de Ben Ali devrait servir de leçon a son homologue siamois camerounais qui veut s’éterniser au pouvoir », ajoute Nitcheu selon qui « la dictature de Monsieur Biya est obscurantiste, sur tous les plans : corruption institutionnalisée, détournements massifs etc.… ».
-« Tout est donc réuni pour que le Cameroun sombre dans une déflagration de forte amplitude, et si rien n’est fait notre pays plongera dans une crise politique intense »conclut Nitcheu.
La situation est plus tendue encore au Sénégal où depuis fin janvier le pouvoir a interdit les manifestations, et notamment une marche nationale a laquelle avait appelé douze des dix-huit syndicats du pays, et qui projetait de protester contre la vie chère.
Mais pour le gouvernement d’Abdoulaye Wade (photo de droite) cette manifestation était sans objet. De fait, on peut supposer que la famille Wade n’a aucune difficulté a se nourrir copieusement et à moindre frais.
Denis Sassau Nguesso, Ali Bongo Ondimba,Paul Biya et Abdoulaye Wade ont en commun, outre le fait qu’ils sont des dictateurs d’Afrique noire d’être tous des amis de Nicolas Sarkozy …
Thierry Cayol (avec Came.be et Afrik.com)