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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 16:37

Au Pakistan, personne ne peut oser offenser le Prophète sans risquer la prison. C'est la loi, et ce depuis 1860. Mais aujourd'hui, cette loi divise le pays, depuis la condamnation à mort d'Asia Bibi, une chrétienne de 40 ans accusée d'avoir insulté le Prophète. Les militants extrémistes souhaitent voir la sentence executée, tandis que des politiciens qui ont pris la défense de la jeune femme ont été assassinés.

 

Le 14 juin 2009, Asia travaillait aux champs avec trois femmes musulmanes, dans le village d'Ittanwalli. L'ambiance était habituelle. On se disputait bien un peu, mais on finissait toujours par se rabibocher.

 

La chaleur était torride (près de 50 degrés) et les travailleuses avaient soif. Ces trois amies ont bu un verre d'eau et, à son tour, Asia a trempé ses lèvres dans le verre. Et c'est ce qui a déclenché le drame. Les trois musulmanes ont accusé la chrétienne d'avoir souillé leur eau. Le ton est monté et Asia, énervée, a insulté le prophète Mahomet.

 

L'imam du village, Mohammed Salim, assure que, devant lui et entourée de 300 personnes, Asia a reconnu avoir blasphémé, ce qui, aux yeux de la loi, mérite la mort.

 

Le problème est que cette loi, qui a visé en trois ans 800 personnes, est utilisée à tort et à travers. Ainsi, pour se débarasser d'un rival ou d'un voisin encombrant, il suffit de l'accuser de blasphème. La loi est devenue un moyen de persécution. C'est en tout cas comme cela que la perçoivent les 2,5% de Pakistanais chrétiens.

 

Dans le cas d'Asia, l'imam a appelé la police, qui a arrêté la jeune femme. Et les juges se sont montrés impitoyables: Application de la la loi, ont-ils jugé. C'est à dire, en l'occurence, condamnation à mort...

 

Aujourd'hui, Najma, la soeur d'Asia, monte au créneau pour affirmer que les choses ne se sont pas du tout passées comme le prétendent les trois collègues d'Asia. Elle met en avant le fait qu'une des femmes aurait dit à Asia qu'elle ferait mieux d'épouser un Musulman, ce à quoi la Chrétienne aurait répondu qu'elle était déjà mariée. En outre, ajoute Najma, sa soeur est illettrée et ne connait rien aux textes religieux.

 

Asia-Bibi-006.jpgL'affaire, qui peut nous paraître d'une affligeante banalité, a enflammé tout le Pakistan. Le mollah Yousaf Qureshi a lancé un fatwa contre Asia et a promis l'équivalent de 6000 dollars à qui aurait sa peau. C'est ce même religieux de Peshawar qui avait offert un million de dollars à qui tuerait le journaliste danois qui avait carricaturé Mahomet.

 

Pour avoir osé prendre la défense d'Asia, deux hommes sont déjà morts: le gouverneur du Penjab, Salman Taseer, et le le ministre des Minorités, Shahbaz Bhatti. Le premier a été tué le 4 janvier dernier par son garde du corps, le second est tombé le 2 mars, abattu de 36 balles par deux hommes qui l'attendaient devant le domicile de sa mère, à Islamabad.

 

Pour l'ex-ministre des Droits de la personne, Syed Gillani, "les mollahs et les terroristes ont pris l'Etat en otage. Ils sont très puissants. Ce sont eux qui dirigent le pays". Un enseignant raconte qu'il dirige une classe où il y a quelques musulmans et confirme qu'il fait très attention à ce qu'il dit, de peur que ses propos ne soient mal interprêtés. De même, une religieuse catholique témoigne "tout le monde a peur de la loi, le climat est malsain avec la montée des extrèmistes". 

 

Loin de cette effervescence, Asia Bibi vit recluse et dépressive dans sa cellule de huit pieds sur dix. Elle a reçu il y a peu la visite du député chrétien Rohael Gill. Selon celui-ci, la jeune femme n'a aucun contact avec les autres prisonnières, qui pourraient la tuer. "Il n'y a qu'une natte jetée par terre sur laquelle elle dort. Son mari la visite une fois par mois, il passe une heure avec elle", témoigne le député.

 

Deux ans après les faits qui lui sont reprochés, le gouvernement pakistanais aimerait bien remettre Asia Bibi en liberté. Mais le dossier est trop brûlant, personne n'ose y toucher. Et puis libérer la jeune chrétienne serait la condamner une nouvelle fois à mort.

 

Thierry Cayol (avec La Presse/Cyberpresse.ca)  

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commentaires

A
<br /> <br /> dieu nous garde de la religion !<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Moi, je trouve tout à fait normal qu'on respecte la religion du pays ou on est. Si madame Asia est pas comtente, elle a qu'a aller dans un pays catholique !<br /> <br /> <br /> <br />

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  • thierry cayol
  • Journaliste marseillais exilé dans le Tarn et Garonne. 51 ans.
J'ai notamment travaillé pour Le Provençal, Le Dauphiné Libéré-Vaucluse matin, Le Soir, l'AFP, TMC, France 3, Le Club de la presse Marseille-Provence-Alpes et l'Agence Reuter, où
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