Le débat en cours sur la burqa et le tchador occulte complètement la bataille des femmes du Sud et les profondes avancées qu'elles ont su apporter, face à des traditions qui ne voyaient dans la femme qu'un objet, une esclave, tout juste bonne à procréer.
Du Maroc à l'Inde, du Rwanda à l'Algérie, de la Tunisie à l'Afganistan,les choses sot en train de bouger,d'une manière irréversible.
Tandis que le MLF a fêté en 2010 son quarantième anniversaire, d'autres femmes, au Maghreb, en Afrique noire ou au Proche-Orient se battent pour une réelle égalité, pour la liberté d'expression, en un mot pour tout ce que refusaient de reconnaître les mâles dirigeants
A l'avant-garde du phénomène féministe, Le Rwanda. Il s'agit certes d'un pays qui a beaucoup souffert d'une guerre civile qui a
vu mourir des milliers de Tutsis dans les années 90.
Mais bien avant cet horrible génocide, des femmes se sont battues pour affirmer leur statut d'êtres humains. C'est ansi que, sous leur pression, le droit de vote a été accordé aux rwandaises en 1961, à l'occasion de l'indépendance du pays.
Quatre ans plus tard, une femme était élue députée. Une avancée considérable qui allait en amener d'autres, plus significatives encore. Mais dans les années 60, les Rwandaises, dans leur majorité, rechignaient encore à se mettre en avant.
Le génocide de 1994 va précipiter les choses; Plus que jamais, et du fait de la mort de leurs époux et des membres mâles de leurs famille, les femmes vont monter au créneau. Pour participer à la reconstruction du pays, mais aussi pour prendre des responsabilités. Depuis, elles n'omt pas cessé de faire entendre leur voix et, aujourd'hui, le Rwanda est le seul pays au Monde où 56,4% des députés sont des femmes !
Celles-ci ont des activités professionnelles jadis domaine réservé des hommes dans le bâtiment, la mécanique...Elles participent également à l'élaboration d'une nouvelle constitution
Le contexte est différent ailleurs, mais tout aussi encourageant à plus ou moins long terme Ainsi, au Maroc, l'alliance des féministes laïques et islamistes a permis d'élaborer (sous l'oeil bienveillant de Mohamed VI) la réforme de la famille, où les femmes trouvent toute leur place. Le jeune Roi du Maroc semble d'ailleurs (quoi qu'on puisse lui reprocher sur d'autres aspects de sa politique) déterminé à accélérer le processus attendu par les féministes et a été le premier à évoquer une éventuelle légalisation de l'avortement "au nom de la dignité de la femme."
Autre contrée, autre problème, ô combien plus embarassant: l'Afghanistan. On n'y compte plus les passages à tabac, les viols, les outrages dont sont victimes les femmes. Pourtant, elles semblent pourtant déterminées à redresser la tête à affronter l'homme dans tout ce qu'il a d'animal.
Les Afghanes sont plus confiantes depuis que l'une d'elles a été élue en 2005 au Parlement, à l'age de 27 ans. Malalaï Joya. Cette jeune femme née à Farah , et qui a passé son enfance dans un camp pakistanais ne s'en laisse pas compter au Parlement. La benjamine de l'Assemblée fait feu de tout bois pour interpeller, les yeux dans les yeux ses collègues trafiquants de drogue, anciens chefs de clans ou islamites extrémistes.
Une véritable révolution en Afghanistan, qui n'a pas eu l'heur de plaire à tout le monde, et notamment aux fondamentalistes religieux qui ont tenté à plusieurs reprises d'assassiner Malalaï Joya. Des parlementaires ont même tenté de la violenter.
Mais Malalaï n'en à cure. Exclue il y quelques mois du Parlement pour avoir comparé cette assemblée à un zoo lors d'une émission de télévision, elle sait que les femmes, toutes les femmes, sont avec elle. On en a vu en burqa l'acclamer sur son passage . Puisse-t-elle être un modèle pour toutes les femmes qui, à travers le Monde, souffrent sous le joug moyennageux des mâles dominants. A l'évidence, ce sera une longue, une très longue marche...
Thierry Cayol