En convoquant un référendum invitant les Marocains à s'exprimer démocratiquement pour ou contre le projet de constitution annoncé par Mohammed VI, le Maroc donne l'impression d'être un pays où les règles du jeu démocratique sont respectées.
Mais lorsque les mosquées se mettent de la partie avec le prêche "officiel" de ce vendredi sur instruction du ministre de tutelle, faisant campagne pour le "oui" à la réforme, on se rend compte que ces règles du jeu ne valent rien.
Le recours par l'Etat à la religion et aux mosquées, faisant campagne pour le oui, ne va-t-il pas à l'encontre du jeu démocratique? N'est-il pas déloyal d'instrumentaliser la religion et les lieux de prière lors d'une campagne en faveur d'une option au détriment des autres?
Les autorités agissent-elles sur instructions ou de leur propre chef? Que ce soit pour ce qui est de la mobilisation des élus locaux le soir du discours royal, pour organiser des manifestations "spontanées ou en commanditant des contre-manifestations aux mobilisations convoquées par le Mouvement du 20 février, force est de constater que loin de discrédicter les détracteurs de la nouvelle Constitution, ces pratiques déloyales ont un effet boomerang sur les "commanditaires" qui ne cessent de se ridiculiser, tant auprès de l'opinion publique marocaine qu'auprès des médias étrangers.
Or, dans le cas des mosquées, on a pas besoin de de se demander qui "commandite", sachant que le champ religieux au Maroc est "chasse gardée". Il n'empêche que, là aussi, l'effet boomerang risque d'être assommant. Car on ne pourra pas venir plus tard dire aux porteurs de certaines opinions politiques de ne pas utiliser l'argument religieux.
Thierry Cayol (avec Réformes)