Marseille: Collard-Sabiani même combat

C'est presque une chose acquise, l'avocat Gilbert Collard portera en 2014 les couleurs du Front National aux élections municipales à Marseille. Par amitié pour Marine Le Pen, dit-on, plus que par conviction personnelle.

L'itinéraire de cet ancien socialiste, passé à la droite modérée, puis au fascisme, ressemble à s'y méprendre à celui de Simon Sabiani. Cet individu de triste mémoire a pesé lourd, durant les années 30 et le début des années 40, dans la vie politique marseillaise.

D'abord communiste, Sabiani devint rapidement le Premier adjoint d'un maire fantôche et glissa tout aussi rapidement vers l'extrème-droite et le PPF, avec l'appui d'une nébuleuse de politiciens corrompus et du grand banditisme local. Il finit sa carrière durant la guerre en entrant de plain pied dans la collaboration avec les nazis.

D'accord, Collard n'est pas Sabiani, et il n'y a pas d'Hitler à l'horizon. Mais le retournement de veste de l'avocat peut faire peur. Bien qu'honni par ses confrères de tous les barreaux de France, Collard a une bonne image au sein de la population, qui en a ras le bol de voir Marseille montrée du doigt comme la plus pauvre, la plus sale et la plus criminogène de France.

L'actuel sénateur-maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, sait que Collard sera bien plus dangereux que les socialistes en 2014. Ces derniers ont beaucoup perdu en notoriété et sont, de plus, frappés de plein fouet par l'affaire Guerini.

Certes, beaucoup s'accordent à dire que Gaudin ne se représentera pas à sa propre succession. Lui même avait laissé entendre qu'il laisserait la place à son dauphin désigné, Renaud Muselier.

Mais face à la montée en puissance du FN et de son candidat potentiel Collard, la donne est toute autre. Et il se pourrait bien que le très estimé (tant à droite qu'à gauche) maire de Marseille finisse par décider de se poser en ultime rempart pour que l'extrème-droite ne s'empare de la deuxième ville de France.

Thierry Cayol