"Vote utile", le mot est lancé. Comme à la veille de chaque élection. Comme si les favoris avaient la trouille de ne pas être présents au second tour ou, c'est plus probable (et en tout cas plus réaliste), conscience de ne pas être à la hauteur des aspirations des Français.
Ainsi y aurait-il des candidats de seconde zone, à gauche comme à droite, pour lesquels il ne faut surtout pas voter, même si l'on partage leurs opinions. Tout ça au nom d'un archaïque clivage droite dure-gauche molle qui, au bout du compte, ne satisfera personne.
Voter utile, n'est-ce pas au contraire voter pour d'autres candidats que les favoris et se poser massivement en groupes de pression, capables de peser sur la politique que mènera le futur gouvernement ?
L'étonnante montée dans les sondages de Jean-Luc Mélenchon est, on peut le souhaiter, un signe de démarquage des Français du vote franchouillard. Même si le Front de Gauche ne remporte pas l'élection, il influera par nécessité la conduite de la France par Hollande.
De même, si Sarkozy est réélu, il lui faudra droitiser encore un peu plus sa politique pour répondre aux attentes fermes de l'électorat du Front national. On notera quand même au passage qu'il y a quelques semaines, Marine Le Pen avait refusé de débattre avec Jean-Luc Mélenchon au motif qu'au vu des sondages, celui ci n'était "un candidat de (son) niveau" .
Avec 14% des intentions de vote selon le récent sondage BVA, Mélenchon devance Le Pen et Bayrou. Mieux, le meeting, dimanche, de la Bastille, aurait ramené vers le Front de Gauche une partie de l'électorat populaire qui, un temps, s'était laissé bercer par le discours populiste du parti néo-fasciste.
Alors, et même si on peut logiquement estimer que le duel final opposera Sarkozy à Hollande, osons le vote populaire, celui qui favorise les plus démunis au détriment des nantis. En un mot, Mélenchon-nous !
Thierry Cayol