Un maraîcher de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime) vient de se voir refuser par Pôle Emploi l'autorisation de recruter au Maroc des ouvriers spécialisés dans le ramassage de la coriandre, qui nécessite un savoir-faire particulier que seuls les Marocains maîtrisent. Motif de l'interdiction: il doit faire appel à une main d'oeuvre locale.
N'ayant pas trouvé en France le profil recherché, Patrick Lemaçon, qui a déjà deux ouvriers qui lui donnent entière satisfaction, a décidé de se tourner vers le Maroc. "Ces gens-là ont l'amour du travail, ils en ont besoin. Ils ne viennent pas pour remplir les fichiers des Assedic. Quand ils vous font un travail, ils ne regardent pas leur montre", explique le producteur français.
Très prisée des restaurateurs, la coriandre se récolte d'avril à novembre. Un travail saisonnier, donc, pour lequel Patrick Lemaçon propose un salaire de 3000 euros nets. Mais pas à n'importe qui! Aucun des ouvriers agricoles avec lesquels il s'est entretenu n'a fait l'affaire. Il y a toujours un problème: pénibilité du travail, horaires ou encore manque de rapidité.
Le maraîcher ne peut par contre que se louer du travail abattu par ses employés, Yahia et Mohamed, qui, à eux deux, ramassent près de 7500 bottes de coriandre par jour. Une cadence que sont incapables de tenir les ouvriers français.
Pour sa défense, le directeur de Pôle Emploi de Forges-les-Eaux met en avant une note du ministère de l'Immigration qui donne des règles de gestion très strictes dans le cadre de l'introduction d'une main-d'oeuvre étrangère. Pour lui, "cette note est valable pour les emplois saisonniers comme pour n'importe quel emploi".
Mais Patrick Lemaçon ne l'entend pas de cette oreille. Il l'a fait savoir en virant manu-militari un agent de Pôle Emploi venu lui proposer de former de la main d'oeuvre locale. Pour sa réponse musclée, le maraîcher sera jugé en juin prochain.
A quand l'obligation pour les restaurants chinois d'embaucher des cuisiniers français ?
Thierry Cayol