(suite) Depuis les années 1950-1960, de nombreux mouvements à travers le monde sont apparus comme se référant à des théories entremêlant la galaxie du New-Age et des doctrines issues des grandes religions, de leurs dissidences ou des "minorités spirituelles nouvelles" naissantes, intégrant la sémantique auparavant connue des seules grandes religions monothéïstes: apocalyptisme, millénarisme, eschatologie, salvation,parousie (retour du Christ ressucité en gloire, qui vient juger les vivants et les morts), jugement dernier...
Dans les faits, si certaines de ces théories trouvent plus ou moins leurs sources dans de grands écrits sacrés et religieux, d'autres sont issues de nombreuses traditions tirées des ésotérismes classiques (théosophie, courants orientalistes...) ou proviennent de l'imaginaire d'un gourou qui se voit investi d'une mission rédemptrice et salvatrice.
Certains spécialistes parlent alors aujourd'hui de de "millefeuille doctrinal apocalyptique" mêlant des influences religieuses, ésotériques et historiques sans rapport les unes avec les autres ( par exemple le groupe Néo-Phare, le groupe du Mandarom, le groupe Aoum ou le Temple du Peuple au Guyana).
En fonction des thèses en présence, les mouvements apocalyptiques annonçant une fin du monde sont alors très variés:
- Certains prévoient une date précise de fin du monde (ou plusieurs dates, systématiquement reportées.
- D'autres prévoient la fin du monde sans préciser de date.
- D'autres encore parlent de la venue d'extra-terrestres, de lâge d'or de l'ère du verseau, etc, et se préparent sans émettre de date fixe.
- Dautres enfin, bien qu'ils ne fassent aucune prédiction, peuvent néanmoins basculer du jour au lendemain, sans que rien ne le fasse pressentir, dans une vision apocalyptique de leur devenir et dans un passage à l'acte.
A cet égard, l'apocalypse en 2012 apparaît comme une suite "logique" d'apocalypses antérieurement annoncées, car elle procède du même mécanisme d'interprétation excessive d'évènements réalisés ou prédits. Mais ce "millésime 2012" met aussi en relief des concepts et doctrines propres, qui font de cette prochaine échéance une fin du monde un peu plus spécifique.
Il a souvent été fait référence à la grande peur de l'an 1000, qui comportait des croyances religieuses et mystiques particulières ayant engendré une "fièvre apocalyptique dans toute l'Europe en 999. Tout y était déjà décrit avec précision: comètes, tremblements de terre, épidémies de lèpre ou de choléra... Pour autant, ce sont davantages des théories postérieures à l'an 1000 qui ont fait l'apologie de ces grandes peurs afin de servir leurs propres convictions.
En effet, pour les historiens, la peur de l'an 1000 ne doit rester qu'une légende. Nombreux parmi eux sont ceux qui s'accordent pour dire que la grande majorité des personnes vivant à cette époque n'était pas tout consciente de cette fin du premier millénaire. Ce n'est que des siècles plus tard, à la Renaissance, que sera mentionnée "la peur de l'an 1000" comme la véritable apothéose des craintes du moment.
A l'approche du millénaire suivant, certains ont assuré que la véritable fin du monde serait pour le 1er janvier 2000. C'était ainsi faire une confusion entre la fin du millénaire et le millénarisme. Pour la première fois, en l'an 2000, des fondements apocalyptiques provenant d'autres origines que purement religieuses ont commencé à émerger, à mesure que se sont développés les préceptes du New Age, ce qui se traduit par une avalanche de prévisions.
A ce titre, les suicides collectifs perpétrés par des groups sectaires liés au New Age, comme l'Orde du Temple Solaire (OTS) ou Heaven's Gate (la Porte du Paradis) révèlent l'angoisse qui a pu s'emparer de certaines personnes à l'approche d'échéances qui leur paraissaient apocalyptiques. Ce sentiment semble assez partagé en Occident.
Cette fois-ci majoritairement insirés par le courant New Age, les discours de fin du monde pour 2012 se distinguent également par trois facteurs:
- D'abord, un phénomène d'amplification, voire de banalisation de ces craintes dans une société mondialisée et baignée par les nouvelles technologies de l'information et de la communication (et notamment Internet)
- Ensuite, le climat actuel de crise économique, d'alertes écologiques, d'incertitudes sur l'avenir et de crise profonde des valeurs sociétales, qui vient offrir un terreau fertile à ce type de propos alarmistes.
- Enfin, une utilisation à des fins commerciales de ces prédictions, qui atteint son paroxysme dans tous les domaines (livres, films, jeux vidéo, vente d'abris anti apocalypse...)
(à suivre)
Thierry Cayol
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