Mais comment diable en est-on arrivé là... C'est la question que se posent tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la révolution populaire et aux dangers qui la mencent.
Un peu de chronologie s'impose pour tenter de comprendre les quelque 50 ans qui ont conduit à la violente révolution à laquelle nous avons assisté ces dernières semaines.
J'entends les éternels nostalgiques se lamenter: "Ah, si la France était restée, on n'en serait pas là..."
Mais vous, il vous faudra vous faire une raison; la France n'est plus là-bas depuis 52 ans, depuis que la Tunisie a conquis son indépendance, le 20 mars 1956.
Un an plus tard, le 25 juillet 1957, la République était proclamée et, ardemment soutenu par la France, Habib Bourguiba devenait le premier président d'une Tunisie indépendante, qui se drapait de rouge et blanc.
Le 19 juillet 1961, Bourguiba exigeait le retrait des troupes françaises encore stationnées en Tunisie, et principalement à la base navale de Bizerte. Ce n'était pas du goût de la France, déjà embourbée en Agérie.
La Tunisie et la France, pays frères jusqu'ici, vont se livrer une dernière bataille, à l'issue de laquelle on décomptera 30 militaires français tués, mais surtout un millier de cadavres de civils tunisiens.
L'entente entre Paris et Tunis n'était plus du tout cordiale et, en 1964, pour bien marquer son territoire, Bourguiba nationalisait des terres des colons français.
La France, dès-lors, allait entretenir des rapports tendus avec Bourguiba. Et, à la grande surprise de ceux qui voyaient en lui le père- fondateur d'une Tunisie démocratique, Bourguiba se faisait élire président à vie
Déjà, la colère du peuple grondait et, dans les premiers jours de 1978, l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT) déclenchait un grève générale, vivement encouragée par la gauche française.