Depuis la proclamation de son indépendance en février 2008, le Kosovo a toujours connu une vie politique agitée et trouble, qui a conduit à la démission, le 27 septembre 2010, du président Fatmir Sejdiu.
Depuis cette date, le poste de président par intérim était occupé par le président du Parlement, Jakup Krasniqi. Il a fallu attendre le 12 décembre pour qu'une nouvelle Assemblée soit élue, avec pour mission première la désignation d'un nouveau président.
Le parlement kosovar a ceci de particulier qu'il est composé de 120 membres, dont 100 sont élus au suffrage universel sur une liste unique. 20 sièges sont réservés aux minorités, dont 10 aux Serbes.
Le 2 novembre 2010, un vote de défiance a conduit à la démission du gouvernement dirigé par Hashim Thaci. Dans la foulée, un nouveau parlement a été élu, qui n'a pu dégager de majorité.
Le Parti Démocrate du Kosovo (PDK) a obtenu 37 sièges, la Ligue Démocrate du Kosovo (LDK) 25, les autres principaux partis ayant obtenu des élus sont l'Alliance pour un Nouveau Kosovo (AKR, 13 sièges), la Ligue Démocratique de Dardanie (LDD, 11 sièges) et l'Alliance pour l'Avenir du Kosovo (AAK, 10 sièges).
Il aura fallu plus de deux mois aux nouveaux députés et d'âpres négociations pour parvenir à un fragile accord entre le PDK, l'AKR et le Parti Libéral Indépendant SLS). Les coalisés sont tombés d'accord sur le nom de Behxhet Pacolli, qui a reconduit Hashim Thaci dans ses fonctions de premier Ministre.
Le nom de Pacolli avait été avancé, tant à Moscou qu'à Genève dans les années 90 lorsqu'avait éclaté un scandale financier lié aux travaux de réfection du Kremlin, des bureaux du gouvernement, de la Douma et d'autres édifices nationaux russes.
Plusieurs fonctionnaires auraient touché des pots de vin et le pouvoir central russe serait intervenu afin que Mabetex, l'entreprise suisse de Pacolli, obtienne ce marché. Une enquête avait d'ailleurs été diligentée et le milliardaire avait été entendu par le procureur suisse Carla Del Ponte.
En 2000, la Suisse avait accusé Pacolli de blanchiment d'argent et du versement de quelque quatre millions de dollars sous la forme de pots de vin. Les procédures avaient cependant été abandonnées par les russes et l'affaire avait été close en 2002.
Anna Filimonova, experte au Centre d'études sur la crise dans les Balkans de l'Académie des Sciences de Russie, a par ailleurs révélé preuves à l'appui, que Pacolli avait également exercé des pressions en faveur d'un projet de gazoduc reliant l'Iran, la Turquie, la Grèce, l'Albanie et le Kosovo.
Thierry Cayol