Il y a quelques semaines encore, elles n'osaient pas se dévoiler et manifester. Aujourd'hui, les femmes égyptiennes n'hésitent plus à se montrer aux côtés des hommes. Elles défilent pour réclamer leur dû: la liberté d'expression et l'égalité.
Bien sûr, beaucoup d'entre elles hésitent encore à se montrer en tête des cortèges de maifestants qui se déploient à travers le pays. Mais la presse commence à parler d'elles. Sur toutes les photos, dans tous les reportages, on peut désormais les voir, brandissant des drapeaux ou des pancartes appelant à une véritable révolution, au sein de laquelle les femmes seraient débarrassées de la domination masculine.
Depuis le départ de la police, submergée par les manifestations appuyées par une armée qui a pris le parti du peuple contre le dictateur Moubarak, les femmes d'Egypte s'imposent peu à peu..
Il n'en demeure pas moins que leur position demeure fragile. En effet, au delà de leur opposition au régime en place, les Egyptiennes doivent affronter, au sein même de leurs manifestations, le regard outré des Frères Musulmans. Ces derniers, qui défilent aussi pour marquer leur opposition à Moubarak, ne voient pas d'un très bon oeil la révolte des femmes.
Ces islamistes extrémistes sont avant tout préoccupés par l'instauration de la Charia, une loi érigée en dogme mais qui n'est jamais plus qu'une interprétation très fantaisiste et contestable des versets du Coran.
Les Frères Musulmans, hostiles à toute implication des femmes dans le mouvement révolutionnaire, doivent pourtant se rendre à une évidence née de la la révolte populaire: Les femmes ne veulent plus être abaissées au rang d'esclaves tout juste bonnes à procréer .
Elles veulent se libérer de tout joug, quel qu'il soit, et n'ont plus peur du regard que les hommes portent sur elles.
Les fanatiques que sont les Frères Musulmans devront pourtant, à moins d'un peu probable coup d'état, se plier à la volonté du peuple, qui réclame la démocratie et l'égalité pour tous. Ils bondissent à l'idée de voir une femme, non voilée qui plus est, se méler à ce qu'ils considèrent comme le domaine réservé des mâles.
A l'automne au plus tard, le régime de Moubarak va s'effondrer tel un château de cartes. Des élections démocratiques auront enfin lieu, et les Egyptiennes entendent bien avoir voix au châpitre, quitte à s'opposer, débarrassées de leurs voiles, aux islamistes et aux extrémistes de tous bords.
Louis Aragon et Jean Ferrat le clamaient en leur temps, la Femme est l'avenir de l'homme...
Thierry Cayol