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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 22:44

A Istanbul ou à Ankara, avant même de remarquer son visage, c'est le poignet d'Ali Baba qui saute aux yeux. Il y porte un énorme bracelet en or serti de diamants, qui épelle son nom en grosses lettres. «Grâce à notre premier ministre, les affaires sont bonnes», lance l'homme d'affaires turc.

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Recep-Tayyip-Erdogan.jpgCe propriétaire d'un salon de thé parle volontiers de Recep Tayyip Erdogan, l'actuel premier ministre turc, qui briguera un troisième mandat dimanche et dont les sondages prédisent déjà la victoire: "Nous n'avons jamais eu un aussi bon premier ministre. Il a fait beaucoup de bonnes choses. Il a transformé Istanbul en grande ville cosmopolite grâce à sa vision et ouvert la Turquie au monde", lance-t-il avec enthousiasme.. Il s'émerveille notamment du "succès économique du pays" depuis l'arrivée au pouvoir d'Erdogan, en 2003. Le revenu par habitant a de fait doublé en moins de 10 ans

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«Nous sommes débarrassés de la mafia, et c'est grâce à Erdogan», clame encore cet 'homme, qui n'hésite pas une seconde avant d'accorder de nouveau son soutien au premier ministre sortant et à son parti, le parti Justice et Développement, (AKP en turc). "Si on avait eu seulement des politiciens comme Erdogan, la Turquie serait un paradis", affirme encore le restaurateur.

 

 

 

Une juge démissionnaire à la Cour d'appel d'Ankara, Emine Ülker Tarhan, estzz_02.jpg loin de partager l'opinion d'Ali Baba. Erdogan,qui, selon elle, "a fait de sa vie un enfer". "Depuis qu'il a pris les rênes du pays, il veut tout régenter., affirme-t-elle.À commencer par le système judiciaire, où elle a travaillé pendant 15 ans. Ancienne présidente de Yarsav, association professionnelle de juges et d'avocats, elle se sentait constamment épiée. Lorsqu'une conversation téléphonique privée de son mari a été publiée dans les journaux, elle s'est dit que c'en était trop.

 

"Tous les gens qui s'opposent à Erdogan sont sous surveillance", dit la jeune femme,à la fois scandalisée et effrayée. Elle a d'ailleurs rangé sa toge et décidé de se lancer en politique. Dimanche, elle briguera les suffrages pour le Parti républicain du peuple (CHP en turc), créé par Atatürk, fondateur de la République turque. Elle croit qu'il n'y a pas d'autre moyen de freiner les "tendances dictatoriales" de Recep Tayyip Erdogan et le conservatisme islamique qu'il veut imposer à la société turque.

 

D'autant plus que, si Erdogan obtient la majorité absolue dimanche, il pourra modifier la Constitution et transformer le système parlementaire en système présidentiel à l'américaine."Il vend une fausse image du pays à l'étranger. La situation des droits de la personne empire tous les jours, en Turquie. Il insulte sans cesse les femmes. Il nous dit de rester à la maison pour faire trois enfants chacune!», s'indigne l'ancienne magistrate

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Qui croire? Les Turcs sont profondément divisés. D'un côté, les "Turcs blancs", l'ancienne élite politique européanisée, profondément attachée à la laïcité à la française, établie par Atatürk et défendue par l'armée qui, en son nom, a commis quatre coups d'État.

 

De l'autre, les "Turcs noirs", issus des milieux ruraux mais de plus en plus urbanisés, qui remettent en cause le modèle laïc, qu'ils jugent discriminatoire à l'égard des musulmans pratiquants.

 

Fils d'un garde-côte de la ville de Rize, né en 1954 dans le nord-est du pays, Recep Tayyip Erdogan est l'incarnation même de la nouvelle élite des Turcs noirs. Il a fait ses études dans une école islamique avant d'obtenir un diplôme de l'Université de Marmara.

 

Conservateur musulman, il s'est joint à un parti islamiste alors qu'il était sur les bancs d'école. En 1998, alors qu'il était maire d'Istanbul, il a été emprisonné pendant quatre mois pour avoir lu en public un poème à connotation religieuse.

 

Cette condamnation l'a empêché pendant près de cinq ans d'occuper un poste public, mais non de créer le parti qu'il dirige encore aujourd'hui. "Erdogan, c'est la revanche des Turcs noirs", explique Cem Sensoy, jeune homme d'affaires qui se réclame de cette Turquie noire de plus en plus prospère. Et ça, c'est loin de plaire à tout le monde

 

TC (avec cyberpresse.ca)

 

TC (avec cyberpresse.ca).

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commentaires

N
<br /> <br /> Tous les pays musulmans (il faut appeler un chat un chat) posent ou poseront un jour ou l'autre le problème de l'Islam politique. La Turquie constitue de ce fait un danger potentiel d'autant plus<br /> sérieux qu'il s'agit d'un pays dynamique avec un pied en Europe. En interne ils vont avoir la dictature et pour l'extérieur, Allah sait ce qu'ils nous réservent.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> peut-on se laisser aller à penser que la Turquie a à sa tête une équipe de 40 voleurs avec pour chef Recep Erdogan !<br /> <br /> <br /> Ali baba a tout interet a vite faire ouvrir la caverne, avant qu'elle ne soit définitivement vide ! Sesame, vite vite ouvre toi que je récupère mes pièces d'or !<br /> <br /> <br /> charlie<br /> <br /> <br /> <br />
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J'ai notamment travaillé pour Le Provençal, Le Dauphiné Libéré-Vaucluse matin, Le Soir, l'AFP, TMC, France 3, Le Club de la presse Marseille-Provence-Alpes et l'Agence Reuter, où
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