Peu de suspense. Les députés devraient dire "non" à la proposition de loi visant à autoriser le mariage homosexuel. Déjà rejetée en commission des Lois, elle devrait subir le même sort mardi prochain lors du vote solennel en séance publique
L'examen du texte a eu lieu jeudi à l'Assemblée nationale. A l'origine de cette proposition : le socialiste Patrick Bloche, un des initiateurs du pacte civil de solidarité (Pacs) en 1999, qui permet notamment aux personnes de même sexe de conclure un contrat de vie commune. Il s'inspire d'une décision du Conseil constitutionnel qui, le 28 janvier dernier, a jugé que les dispositions en vigueur du Code civil réservant le mariage aux couples de sexes différents ne sont pas contraires à la Constitution mais "qu'il est loisible au législateur d'adopter en la matière des dispositions nouvelles dont il lui appartient d'apprécier l'opportunité".
Les rares députés UMP présents dans l'hémicycle ont exprimé leur totale opposition au texte... A l'exception notable de Franck Riester et Henriette Martinez. Ces deux députés ont annoncé qu'ils voteraient la proposition de loi représentant, à leurs yeux, "une avancée majeure pour l'égalité des droits". Ils l'ont dit sous les applaudissements de la gauche. Les députés du Nouveau Centre sont également opposés à la légalisation du mariage gay.
Du côté du PS, on soutient ce texte de même que le groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR, PC, Verts, Parti de gauche). Mercredi, François Hollande, député de Corrèze et candidat à la primaire socialiste s'est déclaré favorable au mariage homosexuel. "La liberté, c'est laisser la possibilité à deux personnes qui s'aiment, quelle que soit leur orientation sexuelle de s'unir. L'égalité, c'est permettre à tout couple de recourir au même dispositif juridique sans discrimination".
"Ce présent texte entend ouvrir le mariage aux couples de même sexe sans modifier les règles actuelles régissant le mariage hétérosexuel", a dit Patrick Bloche. Et le député de Paris d'ironiser sur "le paradoxe qui amène aujourd'hui les députés de la majorité hostiles à l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, à attribuer toutes les vertus au pacs qu'ils ont pourtant combattu hier si violemment".
"Vous ne serez pas surpris : le gouvernement n'est pas favorable à ce texte", est intervenu le ministre de la Justice. Pour Michel Mercier, cette légalisation "introduirait, si elle était adoptée, un changement de taille dans les valeurs de notre société dont il nous faut mesurer toutes les conséquences". Il a par ailleurs estimé que le mariage était "une institution", "un symbole social", qu'il fallait distinguer des "autres types d'unions". "Ce débat est l'occasion de montrer l'attachement de notre société au mariage, pour la sécurité qu'il apporte par rapport aux autres types d'unions et pour le symbole social qu'il représente", a déclaré le garde des Sceaux.
Dix pays ont à ce jour légalisé le mariage homosexuel : les Pays-Bas (en 2000), la Belgique (en 2003), l'Espagne (en 2005), le Canada (en 2005), l'Afrique du Sud (en 2006), la Norvège (en 2008), la Suède (en 2009), le Portugal (en 2010), l'Islande (en 2010) et l'Argentine (en 2010). La ville de Mexico, cinq Etats des Etats-Unis et Washington ont fait de même. Le socialiste Patrick Bloche a souligné que ces pays, dont certains sont "même de culture catholique très marquée", n'avaient pas été "ébranlés dans leurs fondements par sa reconnaissance .