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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 08:12

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La colère gronde en Russie. La corruption qui gangrène le pays commence à exaspérer la population. Les incendies de l'été dernier ont réveillé les consciences et la défense d'une "forêt martyre" entretient ce foyer de contestation autour d'une égérie, la jeune Evguenia Tchirikova.

Vingt ans après la chute du communisme, une nouvelle "Perestroïka" est-elle à l'oeuvre en Russie? Internet va-t-il permettre à ce pays d'échapper à ses vieux tropismes, liés à sa taille et à son climat? Certes, il est trop tôt pour l'affirmer.

 

Les protestations virtuelles ou réelles ne sont pas, au moins pour le moment, politiques. Elles concernent des problèmes catégoriels, sociaux, des affaires de corruption ou des drames humains causés par l'indifférence ou la bêtise de l'administration.

 

Reste que la dénonciation systématique des carences administratives et la formation de mouvements basés sur la solidarité ne sont pas innocentes et reflètent un changement des mentalités. 

Une petite clairière au bord d'un étang situé à l'orée de la forêt martyre de Khimki, livrée aux tronçonneuses et aux bulldozers par la volonté de dirigeants qui n'hésitent pas à sacrifier l'écologie à des intérêts économiques pour le moins opaques : c'est dans ce cadre idyllique que s'est tenu, fin juin et pendant trois jours, le premier rassemblement de l'ensemble de l'opposition appelé «anti-Seliger», allusion au camp de la jeunesse pro-Kremlin qui se tient chaque année sur les bords du lac Seliger.
 

À l'appel de l'association pour la défense de la forêt, animée par Evguenia Tchirikova, environ 2.500 personnes se sont rendues au rassemblement. Hommes politiques, représentants de la société civile, bloggeurs, appartenant à toutes les mouvances de l'opposition, des nationalistes modérés aux trotskistes, ont répondu à l'invitation d'Evguenia Tchirikova qui est apparue comme l'élément fédérateur de cette société civile en gestation.

2010 aura été pour la Russie l'année du changement social. "La grogne latente a explosé avec les incendies de l'été dernier", a expliqué dans son blog Alexeï Venedictov, rédacteur en chef de la radio L'Écho de Moscou. Des organisations spontanées de citoyens se sont formées à l'aide d'internet pour pallier à l'incurie des pouvoirs publics, incapables d'apporter une aide efficace aux sinistrés. Le succès de cette première expérience a boosté la société civile. 

  
Quelques mois plus tard, alors que le monde prenait conscience avec WikiLeaks de la puissance de la Toile, le 1er novembre 2010, un jeune avocat, Alexeï Navalny, lançait son site «Rospil» (pillage), appelant les internautes à lui fournir les informations en leur possession sur la corruption dans les grands monopoles d'État et les fonctionnaires qui utilisent sans vergogne les marchés publics pour s'enrichir.


"Il faut faire prendre conscience à l'ensemble de la population que la corruption n'est pas un mode de vie acceptable, mais un fléau qui gangrène le pays", explique-t-il sur son blog qui, en quelques mois, est devenu l'un des plus populaires de la «toile» russe. 

Le mouvement contre les gyrophares, ou révolution des «Seaux bleus», constitue une autre initiative significative du nouvel état d'esprit de la population. Tout a commencé le 18 avril 2010 : un automobiliste, Oleg Chertcherbinski, est accusé d'avoir involontairement provoqué la mort du gouverneur de l'Altaï en refusant de lui céder le passage.

Un peu plus tard, en janvier 2011, une voiture officielle, équipée d'un gyrophare, roule à contresens et provoque un accident qui fait plusieurs victimes. Le chauffeur, après quelques heures de garde à vue, est relaxé...

Ces histoires, qui font le tour de la blogosphère, provoquent un élan d'indignation parmi les automobilistes qui rejoignent en masse le "mouvement des Seaux bleus". La méthode est simple: il suffit d'accrocher sur le toit de sa voiture un seau bleu et de rouler ostensiblement dans les rues des grandes agglomérations. Et, malgré des arrestations, le mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur.

"Les Russes ne demandent pas à leurs dirigeants de les nourrir, ni de leur dire la vérité. Par contre, ils ne supportent pas qu'on les méprise et qu'on les prenne pour un troupeau d'imbéciles", commente Piotr Chkoumatov, porte-parole du mouvement de Seaux bleus.

 

Thierry Cayol (avec le Télégramme) 

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commentaires

L
<br /> <br /> merci de cet article fond de fléaux, de mafieux, et d'hommes vrais qui ensemble nous montrent un autre présent possible.<br /> Pourquoi, à quand les Français pour un mouvement parlant ... plus fort que les nains ?<br /> <br /> <br /> <br />
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  • thierry cayol
  • Journaliste marseillais exilé dans le Tarn et Garonne. 51 ans.
J'ai notamment travaillé pour Le Provençal, Le Dauphiné Libéré-Vaucluse matin, Le Soir, l'AFP, TMC, France 3, Le Club de la presse Marseille-Provence-Alpes et l'Agence Reuter, où
  • Journaliste marseillais exilé dans le Tarn et Garonne. 51 ans. J'ai notamment travaillé pour Le Provençal, Le Dauphiné Libéré-Vaucluse matin, Le Soir, l'AFP, TMC, France 3, Le Club de la presse Marseille-Provence-Alpes et l'Agence Reuter, où

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