Mayotte, 101e département français

C'est officiel depuis aujourd'hui 3 avril, Mayotte cesse d'être un territoire français d'Outre-Mer (TOM) pour devenir le 101e département français. Un changement qui apportera incontournablement quelques changements pour les Mahorais (c'est ainsi que l'on dénomme les habitants de cette île).

Ils ont été 95,2% à souhaiter devenir un département d'outre-mer (DO), au même titre que la Guyane, la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique

Ce nouveau département n'est pas des plus florissants. Mayotte (dont l'économie repose principalement sur la culture et la vente d'une fleur parfumée baptisée Ylang-Ylang) est en grande difficulté financière et on y rencontre (chiffres 2009) un taux de chômage de 35%

Avec cette départementalisation, les Mahorais pourront bénéficier des mêmes aides que n'importe quel autre département. Toutefois, le gouvernement a fait savoir qu'il n'est pas souhaitable de verser dans l'immédiat des prestations sociales au même taux qu'en France métropolitaine, et ce compte tenu du faible niveau de vie.

Le Revenu de Solidarité Active (RSA), l'allocation de parent isolé et l'allocation de solidarité spécifique arriveront à Mayotte en 2012, mais le taux s'alignera sur 20 ans avec les autres départements. Le même calendrier devrait être appliqué aux allocations au logement, à l'augmentation des assurances sociales et à la réformedu droit du travail.

Les Mahorais vont devoir s'y faire, beaucoup de choses vont changer dans leur mode de vie.

Déjà, le déploiement des aides fiscales impliquera des dossiers d'état-civil fiables, ce qui est loin d'être le cas à l'heure actuelle. Le problème de la générationalisation de la langue française va également se poser.

La départementalisation de Mayotte va coûter cher dans un premier temps (Un milliard d'euros selon l'Institut Français pour la Recherche sur les Administrations ((IFRAP), mais aussi rapporter de l'argent. Les Mahorais vont en effet apprendre à connaître les impôts locaux, la taxe d'habitation, la taxe foncière et sur les ordures ménagères...

Avec des conditions de vie supérieures à celles du voisin comorien, Mayotte présente des conditions sociales qui ont tout pour attirer la population étrangère et souffre déjà d'un problème d'immigration clandestine. Problème aggravé par le fait que beaucoup de Comoriens candidats à l'entrée frauduleuse sur le territoire français périssent à bord d'embarcations de fortune. On rencontre également de nombreuses femmes venues accoucher à Mayotte afin que leur enfant ait la nationalité française.

Les Mahorais vont aussi devoir se plier au lois de la République, et il y a  du boulot... En premier lieu, ils vont devoir abandonner un système judiciaire basé sur les préceptes coraniques (95% des Mahorais sont musulmans, ce qui va faire plaisir à Marine.

Terminée la justice tribale. Les cadis (chefs de clans) pourront tout au plus conserver un symbolique rôle de sage ou de médiateur.

Terminés aussi la polygamie et les mariages d'adolescentes de moins de 18 ans. Terminé aussi le rôle primordial du tuteur patrimonial qui pouvait tolérer les mariages forcés.

Thierry Cayol