On le disait fini. Michel Pezet, l'ancien président du Conseil Régional PACA. celui dont Gaston Defferre avait fait son dauphin pour gérer Marseille, avant que les choses ne s'enveniment, montre le bout de son nez, au grand dam de la fédération des Bouches-du-Rhône.
Après la mort de Gastounet, décédé en mai 1986 au terme d'une houleuse réunion au siège de la rue Montgrand, qui avait vu le maire de Marseille désavoué par les siens, les socialistes s'étaient levés comme un seul homme pour dénoncer les coupables: Michel Pezet,
dénoncé comme "parricide" et traité de "petit marquis", et Philippe Sanmarco, l'autre "filleul" de Defferre, soutenu bec et ongles par l'académicienne Edmonde Charles-Roux, épouse de l'ancien mininistre de l'intérieur.
Dégoutés, Pezet et Sanmarco avaient fini par tourner le dos au PS, laissant celui-ci dans la mouise.
Car au PS, à Marseille, les hommes de la trempe de Gaston Defferre ne sont pas légion. On y trouve plutôt un ramassis d'arrivistes sans charisme aucun. Et en 1986, lorsqu'il a fallu parer au plus pressé, les socialistes ont eu bien du mal à trouver un candidat capable de battre le bouillant Jean-Claude Gaudin, dont Defferre disait en ptrivé qu'il le verrait volontiers lui succéder.
Quelques noms ont circulé: l'arrogante Sylvie Andrieux, aujourd'ui sénatrice, le gentil Jean-Victor Cordonnier, premier adjoint de Defferre, sympathique mais sans envergure, l'ambitieux Lucien Weygand, l'arriviste Jean-Noël Guerini ou encore les obscurs Eugène Caselli et Marius Masse. Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence: Personne ne faisait l'affaire.
Alors les socialistes ont sorti de derrière les fagots un illustre inconnu, en se disant qu'l ferait bien l'affaire jusqu'aux municipales de 89, et qu'on aviserait alors. Et c'est ansi que le professeur en médecine Robert Vigouroux s'est installé dans le fauteuil de maire. Mais ce que le PS n'avait pas prévu, c'est que le bon docteur prendrait gout au pouvoir.
Et ce qui devait arriver arriva. En 1989, narguant le PS qui l'avait mis en place, Vigouroux s'est représenté, raflant huit secteurs de ville. Mais au fil des années, sa popularité n'a cessé de décliner, jusqu'à tomber à 15% d'intentions de votes à la veille des municipales de 1995, aux quelles il renonça finalement à se présenter.
Sous l'oeil goguenard de Pezet et Sanmarco , le PS a été contraint d'aligner le pâle Marius Masse, laminé par les listes du tandem Gaudin-Muselier.
Aujourd'hui, la bande de sous-fifres du PS marseillais (qui tient quand même le Conseil général et le Conseil régional, respectivement présidés par Jean-Noël Guerini et l'arlésien Michel Vauzelle) est toujours là. Y est venu s'ajouter le jeune Patrick Menucci, qui caresse le rêve un peu fou de battre l'inamovible et toujours aussi populaire Jean-Claude Gaudin.
Et c'est là que nous en revenons à Pezet et Sanmarco, que l'on croyait définitivement enterrés, mais qui pointent le bout du nez. Après avoir tenté de s'implanter à Aix-en Provence la bourgeoise, plus dans les cordes de ce brillant avocat, Michel Pezet entame discrètement un retour aux sources.
Et Philippe Sanmarco,
alors ? Lui aussi semble sortir de sa réserve. Il sait qu'il est, avec Pezet, le plus redouté des éventuels adversaires de Jean-Claude Gaudin. Il y a peu, Sanmarco et Pezet ont participé côte à côte à un débat. Faut-il y voir un signe ? Peut-être bien. Mais s'ils ont l'ambition de reconquérir Marseille, il faudra qu'ils le fassent ensemble, en ouvrant la porte à toute la gauche marseillaise, du NPA au Modem. Et tant pis si le PS reste sur la touche.
thierry cayol