Nous l' écrivions ici même il y a quelques jours, l'affaire Cantona, son appel à vider les banques pour déstabiliser le système, n'a pas été, loin s'en faut le "flop" dont la droite, Catherine Lagarde en tête, fait mine de se gausser.
Dans son édition de cette semaine, Politis révèle quelques unes des réactions suscitées par l'appel de Canto. Ainsi peut-on lire que Baudouin Prot, président de la BNP n'a pas, mais alors pas du tout apprécié l'idée saugrenue de dévaliser les banques. Selon Politis, Prot aurait jugé "insécuritaire" l'idée de Cantona.
Le surpayé patron de la BNP, moraliste à ses heures dit, révèle encore Politis, que " la recommandation de vider les dépôts "est complètement contraire à ce qui peut assurer le fonctionnement de l'économie.
Tout aussi offusqué, François Pérol, président de la toute puissante Fédération Bancaire Française, n'a pas trouvé que l'appel de Cantona traduise "un malaise des Français".
Vous avez dit malaise? Mais depuis quand, Messieurs de la Haute, n'avez-vous plus quitté les lambris dorés de vos spacieux bureaux pour aller sur le terrain, là où le sentiment de détresse morale ne cesse de grandir?
Où alors êtes-vous en parfait accord avec le très-à-droite Patrick Balkany, qui assure à qui veut bien encore l'écouter qu'l n'y a pas de pauvres en France " et que la "poignée" de chômeurs et de sans-abri en sont là parce qu'ils en ont fait le choix. Des déclarations qui, heureusement, on choqué une partie de la droite".
A gauche, on rappelle que Canto est un avant-gardiste, ami de feu l'Abbé Pierre, qui a réalisé un reportage sur la misère,dont les bénéfices sont allés directement (sans passer par les banques, of course) à la Fondation crée par l'Abbé.
Son appel à dévaliser les banques façon Spaggiari (dont Cantona se réclame quand il dit "sans haine, sans violence et sans armes) a séduit une partie de la gauche. Une partie seulement, car le PS, qui croit encore dans son extrême naïveté qu'il peut encore gagner en 2012, redoute l'idée d'hériter d'une France économiquement brisée par des initiatives telles que celles d'Eric Cantona.
La vraie Gauche, qui a définivement tourné le dos au PS, se montre beaucoup plus proche des prises de position de Cantona. Ainsi Jea-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche, abusivement traité de "dangereux gauchiste, s'l n'applaudit pas des deux mains, estime au moins que "Cantona montre que ce système est un tigre de papier". Olivier Besancenot, président du NPA (ex LCR), s'est étonnamment contenté de dire que la proposition de Canto était "séduisante", mais que nombre de Français n'avaient pas assez d'argent sur leur compte. Mais là, le plus célèbre facteur de France se trompe: ses partisans ont été parmi les premiers à répondre à l'appel de Cantona.
Bref, voilà où en est la classe politique, tellement mal dans sa peau qu'il a fallu qu'un footballeur-comédien- musicien- poète-peintre mette le bordel, allant jusqu'a faire vasciller les instutions. Et espérer qu'il va s'en tenir à ce premier pavé dans la mare d'un système qu'il execre, c'est se mettre le doigt dans l'oeil.
Alors, nous reposons la question: Cantona président, ça aurait quand-même plus de gueule que Royal, Aubry, Fabius, Hollande et DSK réunis, non ?
Thierry Cayol