Je ne sais pas si, comme moi, vous vous êtes penchés sur la teneur des réactions suscitées dans les rangs du grand public par chaque nouvel épisode de "l'affaire" DSK, mais si c'est le cas, vous n'aurez pas manqué d'être frappés par la bêtise, que dis-je, l'incommensurable niaiserie des réactions glanées ci et là.
Je passerai sur les "neutres", ceux qui attendent sereinement que la justice américaine fasse son travail. Laissons- aussi de côté les politiques, qui, à l'exception de quelques uns (Marine Le Pen, Pierre Moscovici et Bernard Debré par exemple) on su garder la tête froide et laissent les avocats et le procureur faire leur travail.
Non, parlons plutôt des extrèmes, ceux qui "y étaient" manifestement, dans cette fameuse chambre d'hôtel où DSK aurait tenté d'abuser d'une jeune femme, honorable victime pour les uns, sale négresse payée pour mentir selon les autres. Il ressort de ce premier survol que la fameuse suite 2806 n'était plus une chambre, mais un palais des sports abritant cinquante millions de témoins.
Il y a donc ceux qui au "vu" des évènements n'en démordent pas: DSK est un détraqué sexuel récidiviste, fortuné et juif de surcroît. "Ca ne m'étonne pas d'un socialiste, ce sont tous des vicieux!" a-t-on pu entendre de la bouche d'une grand-mère sarkozyste au JT de France 2.
Et puis il y a ceux, plus nombreux encore, pour qui toute cette affaire n'est forcément qu'un "coup-monté", une "machination". Ils viendront vous dire, comme Martine Aubry, Laurent Fabius, Bernard-Henri Levy ou même Robert Badinter, que "DSK est mon ami, je le connais depuis longtemps, il n'a certainement pas pu faire une chose pareille".
CQFD: Faites vous des amis politiques bien placés, braquez toutes les banques que vous voulez, ils viendront tous à l'unisson jurer que vous n'avez "pas la gueule de l'emploi". Et s'il s'avère que vous êtes coupable, les mêmes baisseront la tête et avoueront que "nul n'est infaillible"...
En tout cas, moi, "je n'y étais pas", dans la suite du Sofitel, et ne comptez pas sur moi pour hurler avec les loups, de quelque bord qu'ils soient. Pour ma part, et si les faits sont avérés, laissez-moi au moins le droit d'avoir une pensée pour la victime, au lieu de la trainer dans la boue et d'ignorer sa détresse...
Thierry Cayol