L'Histoire aurait pu retenir de lui l'image d'un brillant avocat, rendu célèbre pour ses prises de position démocratiques et antiracistes. Elle ne retiendra finalement que le souvenir d'un arriviste, d'un faussaire idéologique qui, après avoir frayé au PS, chez les trotskistes, au Parti radical valoisien et au Nouveau Centre, a misérablement fini sa carrière politique au chevet de son "amie" Marine Le Pen.
Reprenons, car le parcours politique de Collard est quelque peu chaotique. Dans les années 70-80, l'avocat marseillais était membre du Parti Socialiste. La direction du PS dit n'en avoir trouvé aucune trace. Je m'en souviens pour ma part très bien: nous militions dans la même section. Une chose est certaine, Collard a fêté à Château-Chinon l'élection de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Son confrère Roland Dumas l'avait même précédemment fait entrer au comité de soutien à Tonton.
Un peu plus tard, c'est vrai, il a rompu avec le PS (moi aussi). On le retrouve en 1988 qui soutient le Mouvement pour un Parti des Travailleurs et son candidat à la présidentielle, Pierre Boussel-Lambert. Dans un clip de campagne du candidat trotskiste, on peut voir Collard s'offusquer de l'existence de centres de rétention qui vont selon lui (à l'époque) à l'encontre des Droits de l'Homme.
Trois ans plus tard, l'avocat multi-facettes rejoint le Parti Radical Valoisien et se fait élire conseiller municipal à Vichy ( Vichy, tout un symbole...) Malheur à ceux qui ont raté le premier conseil municipal, c'est le seul auquel il ait assisté.
En 2008, le petit Gilbert, qui est au sommet de sa gloire, se représente à Vichy, mais cette fois sous l'étiquette Nouveau Centre. Les Vichyssois n'ont plus entendu parler de lui. D'autant que Collard se souvient subitement qu'il a été l'avocat de Pierrette, l'ex-épouse de Jean-Marie Le Pen (vous savez, celle qui a posé en soubrette dénudée dans PlayBoy)
Alors, Collard tombe le masque. Sans adhérer au Front National, il devient président du comité de soutien à Marine Le Pen et adopte son discours d'extrème-droite, tout en rétorquant à qui veut l'interpeller qu'il quittera son poste si les thèses racistes et antisémites sont de nouveau mises en avant.
On a quelque part du mal à comprendre cette triste fin de carrière pour un homme qui a jadis brillé, professionnellement s'entend, par son souci des valeurs humaines et qui a souvent stigmatisé les dérives d'un parti qu'il soutient à fond aujourd'hui.
La carrière de Collard a réellement débuté médiatiquement avec l'affaire de l'assassinat de Marie-Dolorès Rambla, plus connue sous le nom d'affaire Ranucci. Adversaire de la peine de mort, Collard a tout de même largement contribué à envoyer Christian Ranucci à la guillotine. Un paradoxe parmi bien d'autres.
Gilbert Collard a aussi défendu les intérêts de la famille de Jacques Massié, massacré avec les siens en juillet 1981 par un commando du Service d'Action Civique (SAC). Cela ne l'a pas empêché de défendre par la suite Charles Pasqua, fondateur historique du SAC...
Je me souviens tout particulièrement d'un procès opposant trois colleurs d'affiches du Front National à la famille d'un adolescent comorien, Ibrahim Ali, tué d'une balle dans le dos. Collard, dans une brillante plaidoirie, avait expliqué aux jurés d'Aix-en-Provence que, ce qu'il fallait condamner, ce n'était pas seulement l'acte des meurtriers, mais surtout l'idéologie, le parti qui avait guidé leur bras.
Alors, Me Collard, comme vous l'aurait demandé Jean Ferrat, est-ce ce fumet-là qu'aujourd'hui vous trouvez plaisant ?
Thierry Cayol